Entrés par effraction

Nana se sentait légère, comme si elle flottait. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit devant elle une foule de grandes personnes habillées en tenue de bal. Sur le coup, elle eût l'impression d'être tâche avec sa robe toute tâchée. La jeune fille baissa les yeux vers ses pieds et s'aperçût qu'elle était vêtue d'une somptueuse robe de bal blanche à volant. La fillette se faufila parmi les nombreux invités, cherchant quelqu'un des yeux. Mais qui cherchait-elle? Soudainement le brouhaha présent dans la pièce s'évanouit. La jeune fille chercha la raison de ce silence et vit, à l'autre bout de la pièce, sous une arche couverte de fleurs de lys blanches, un beau jeune homme, les cheveux blanc, les yeux couleur azur, affichant un air timide et perdu, qui portait un somptueux complet blanc qui se mariait parfaitement avec le reste du décor. Si les gens semblaient le regarder d'un air interrogateur, Natsumi, elle l'avait reconnus tout de suite. La gamine se précipita vers son grand frère.

-Grand frère! S'époumona-t-elle. Grand frère!

De petites larmes coulaient sur ses joues alors que les passants s'écartaient pour la laisser rejoindre son frère. Elle s'approchait du garçon lorsque quelqu'un l'attrapa par le bras.

-Lâchez-moi, s'il vous plaît, c'est mon frère! Dit-elle en se retournant.

La jeune fille eût un mouvement de recul, stupéfiée. Devant elle se tenait maître Kanh. La jeune fille se défit de l'emprise de l'homme d'un mouvement sec.

-Laissez-moi tranquille!

Sans ajouter un mot, un grand sourire fendit le visage de l'horrible personnage. Nana prit ses jambes à son cou, tentant de rejoindre son frère sous l'arche de fleur, mais il semblait qu'elle s'éloignait alors que maître Kanh se rapprochait. La jeune fille redoubla de vitesse, elle pouvait discerner le visage de son frère comme si il était devant elle. Son frère leva la main vers elle, comme pour que la fillette l'attrape.

-Nana...

Les larmes de la jeune fille redoublèrent d'intensité. Ses mots, voilà tellement de temps qu'elle n'avait pas entendu la voix de son frère. Le garçon répéta son nom plusieurs fois, d'abords calmement puis sa voix commença à être paniqué et il retira sa main brusquement alors qu'elle allait l'atteindre.

-Nana ouvre les yeux! Fini-t-il par hurler.

***

La jeune fille avait commencé à pleurer et à se débattre quelques instants après avoir été déposée sur le lit. Après quelques instants, elle se mit à être secouée de spasme, puis se mit à marmonner des mots incompréhensibles. La gamine ne semblait pas se réveiller, perdue dans un cauchemar, lorsqu'elle se mit à hurler et à se débattre, complètement paniquée:

-GRAND FRÈRE! GRAND FRÈRE!

Lorsque Syphiel lui demanda de se réveiller, Nana ouvrit des yeux gros comme des assiettes et se jeta au cou de l'hybride en fondant en larme. Persuadée que Syphiel était son frère, la jeune fille s'agrippait au garçon comme si elle avait peur qu'il disparaisse si elle le lâchait. La jeune fille enfouie sa tête dans le cou du jeune homme, complètement affolée.

-Grand frère.... Grand frère, ne part pas.... Marmonna-t-elle entre deux sanglots.

Ne pas l'appeler grand frère? La mémoire commençait à lui revenir. Son frère n'était plus là, il était partis, il ne reviendrait plus. La fillette ne relâcha pas son étreinte pour autant. Elle se calma uniquement lorsque Syphiel dit "Je ne partirai pas", la jeune enfant mit fin au câlin et essuya ses larmes du revers de sa main. Le jeune hybride observait la porte avec anxiété.

-Nous sommes dans ma chambre...et il faut que vous retourniez dans votre chambre et que vous changiez vos vêtements...Sinon...vos parents sauront que vous êtes sortit.

Sa mère! Elle l'avait complètement oublié! Et ses vêtements! L'attaque! Tout lui revenait en mémoire. La jeune fille se dégourdit un peu. Ce n'était pas le temps de pleurer sur son frère, il n'aurait pas voulu ça. Et puis, Nana avait une mission! C'était de rendre Syphiel heureux et il ne l'était pas. En effet, maintenant qu'elle s'était calmé, elle voyait bien que quelque n'allait pas. La voix du garçon était tremblante et apeuré. Nana prit doucement la main du garçon-loup.

-Tu n'y retourneras pas là-bas, je te le promet. Lui dit-elle en le fixant dans les yeux avec une détermination propre à elle-même. Allez viens.

Elle le tira par la main et l'entraina avec elle dans le couloir. Ils arpentèrent les couloirs sombres et atteignirent bientôt la chambre de la jeune fille. Elle poussa la porte silencieusement et s'engouffra dans la pièce. Elle rejoins vite son placard et s'y enferma pour se changer, loin de la vue de Syphiel. Une fois en robe de nuit, elle s'installa dans son grand lit et souleva les draps du côté en face duquel ce tenait le garçon.

-Tu peux dormir avec moi, pour cette nuit. Dit-elle. Quand j'avais peur, c'est ce qu'on faisait avec mon grand frère, alors peut-être que ça marchera avec Syphiel? Ne t'inquiète pas, tu pourras te cacher sous les draps quand madame la domestique viendra.

Nana haussa les épaules, tout de même légèrement inquiète pour son ami. La gamine prit alors une peluche représentant un petit lapin couleur crème portant un curieux ruban bleu autour du cou. Elle se leva et le présenta à l'hybride.

-Très bien, dans ce cas, prend Ficelle avec toi. Dit-elle en souriant.

Visiblement, l'hybride souhaitait s'éloigner d'elle au plus vite, mais elle souhaitait tout de même qu'il ne se sente pas seul. Elle prit les main du jeune homme et y mit le lapin, pour l'obliger à le prendre.

-Moi, je n'en ai pas besoin. Je suis une grande fille! Elle ajouta cette dernière phrase en se hissant sur la point des pieds, ce qui lui procura environs trois centimètres de plus qu'avant, pas grand chose en somme. Ficelle m'a toujours protégé, je suis sûr qu'elle fera de même pour toi.

Sur cette phrase qui semblait signifier que la discussion était terminée, elle retourna dans son lit s'emmitoufler dans la couette. On ne la voyait même plus dans l'océan de draps et d'édredons. Dans ce cocon de coton, une petite frimousse s'extirpa pour se tourner vers le garçon-loup qui s'apprêtait à quitter la pièce armé de son nouveau compagnon de chambre imposé.

- Je ne t'en veux pas, tu sais, lui dit-elle avant de se retourner vers la fenêtre gigantesque sur le mur. Bonne nuit, Syphiel.